Soufyan HEUTTE

Ce Montpelliérain de toujours, "franco-algérien", porte en lui sa
Paillade comme d’autres trimbalent leur village. "J’ai habité trois ans
avenue de La Pompignane. Je ne me sentais pas chez moi. On a peut-être
regardé la même télé mais on n’a pas la même culture." Le jeune père de
famille, imbibé d’histoire antique (Thucydide, Hérodote, Plutarque...),
de philosophie autant que de rap a également voulu infuser certaines de
ces appétences dans son roman.
"Je m’inspire d’une série télé comme Oz avec sa forme narrative
particulière laissant la place à des questionnements philosophiques."
Soufyan s’interroge, par exemple, sur les pourquoi des bancs en béton ou
des portes d’entrée pour dire celles ouvrant sur les prisons. L’auteur
lettré est pourtant parti de loin. "J’ai commencé à lire à 26ans, un peu
avant de terminer mon engagement de cinq ans à la Légion. Merci
l’école !" Et de tacler les "conseillères de désorientation" de son
adolescence qui voulaient l’aiguiller, au sortir de la troisième, vers
un BEP d’électrotechnique "parce que j’avais dit aimer l’informatique et
l’électricité !"
Soufyan s’élève contre toute fatalité. "La méritocratie n’existe pas
dans les quartiers. On nous renvoie toujours à nos origines. Les enfants
d’immigrés ont remplacé les fils de prolos dans beaucoup de métiers
manuels." Du coup, le papa a inscrit sa fille de 4ans dans une école
privée. "Elle va pouvoir ainsi grandir au milieu d’autres cultures,
vivre avec des gens qui font le carême et d’autres le Nouvel An chinois.
L’éducateur spécialisé, acteur social engagé, et bénévole, à La
Paillade, se souvient d’un stage professionnel de cinq mois aux
États-Unis. "Je me sentais plus proche des Latinos croisés à Harlem,
fans de rap, adeptes de la débrouille pour gagner quelques dollars, que
de mes collègues français." Souvent à courir après quelques sous
supplémentaires, Soufyan a parfois joué l’agent de sécurité, notamment
aux abords du stade de La Mosson. "J’y étais en costard comme chef
d’équipe. Certains me disaient : "T’es un Français toi, t’es en costard.
Un Arabe, ça ne met pas de costard!'"
Source : Midi Libre
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